Théodore Gouvy, compositeur

Théodore Gouvy, le compositeur
Théodore Gouvy, le compositeur

Alors que rien ne le prédestinait à cultiver l'art musical, il décide pourtant de devenir compositeur. Il annonce ainsi à sa mère qu'il avait pris son parti de se livrer, dès l'instant, corps et âme, à la nouvelle carrière qu'il venait de choisir, celle de compositeur de musique, au grand désespoir de sa famille, qui n'accepte pas sa décision. Se défendant avec ténacité, l'opposition de sa famille est heureusement de courte durée et bientôt, Théodore Gouvy peut se livrer en toute liberté à l'étude de la musique, vers laquelle il se sent de plus en plus entraîné.

 

Paradoxalement, français de cœur et d'éducation, mais étranger par sa naissance, l'enseignement officiel, les concours et les grands prix lui sont interdits. Se faisant fort de réussir malgré tout, il décide de se former auprès des grands maîtres de la capitale.

 

Sa nationalité prussienne lui interdisant effectivement l'entrée au Conservatoire, il commence à travailler assidument le piano en se formant en privé auprès de professeurs connus du Conservatoire. Pour cela, il avait tenu à avoir l'un des plus éminents professeurs que l'on puisse trouver à Paris, Henri Herz. Celui-ci, à la veille d'une tournée en Angleterre, le confie à son plus brillant élève : Édouard Billard. Théodore Gouvy se rend chez Billard avec une belle ardeur. Il complète ses leçons par l'audition des grands pianistes de l'époque et Thalberg l'enchante particulièrement : « Le talent de Herz m'a étonné mais ne m'a pas remué l'âme le moins du monde. Döhler, pianiste de Vienne nous a régalés d'une musique vraiment admirable. Thalberg, qui a 26 ans, passe ici pour le coq de tous les pianistes, mérite ce jugement, jamais je n'aurai cru qu'on pût toucher du piano avec autant d'âme et d'expression ».

 

Il a alors vingt ans et continue d'abord ses leçons de piano avec Billard, puis en janvier 1841 s'adresse au célèbre Pierre Joseph Zimmermann également professeur au conservatoire et professeur d'autres futurs grands musiciens. C'était une des figures importantes de la vie musicale parisienne qui organisait entre autres des soirées musicales fréquentées par des célébrités du monde musical et littéraire de l'époque. Totalement décidé à embrasser la carrière de compositeur, Théodore Gouvy écrit à sa mère: "Mon but, mon ambition n'est pas de devenir professeur ou pianiste de profession. Je regarde la musique de plus haut que cela. Dimanche dernier au Conservatoire, j'ai entendu une symphonie composée par M. Reber. Tu penses bien qu'il ne faut pas avoir peu de mérite pour être jugé digne d'être entendu à coté de Mozart et de Beethoven. Eh bien, c'est là ce que j'appelle un beau début dans la carrière, voilà ce que j'estime bien autrement que les vingt doigts de M. Liszt, voilà enfin un but que je serais fier d'atteindre".

 

A cette audition, qui fit sur lui une impression décisive, suivit d'une Symphonie de Mendelssohn et de la 9ème de Beethoven, il comprend que c'est la musique instrumentale, « la vraie musique », comme il se plaît à le souligner, qui l'attire et qu'elle serait sa propre destination. C'est le programme auquel il restera fidèle jusqu'au bout.

 

S'étant lié d'amitié avec un jeune violoniste allemand déjà connu, demeurant dans son hôtel : Carl Eckert, élève et ami de Mendelssohn, il prend auprès de lui, les leçons de violon que celui-ci se propose de lui donner. Eckert restera l'un de ses amis les plus fidèles et sera un compagnon de voyages apprécié.

 

A partir du mois de mai, il décide de prendre des leçons d'harmonie et de contrepoint avec Antoine Elwart, compositeur et professeur connu du Conservatoire, qui constitueront la partie la plus importante de ses études. Ce professeur devint bientôt et cela jusqu'à sa mort un autre ami fidèle de Théodore Gouvy. Deux sonnets d'Elwart dédiés à Théodore Gouvy, le félicitant pour l'exécution d'une symphonie et la première française du Requiem, sont conservés dans les archives familiales.

 

Mis à l'abri financièrement du besoin par le regain des activités des forges, desquelles il était toujours actionnaire par sa part d'héritage, grâce à l'énergie déployée par son frère Alexandre, Théodore Gouvy put se consacrer entièrement à l'Art musical.

 


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